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Travail connecté : entre confort numérique et risques invisibles

  • Photo du rédacteur: caglioti piller audrey
    caglioti piller audrey
  • 23 juin
  • 2 min de lecture

Numéro 6- Kiné Solutions - Mai 2025


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La transformation numérique du monde du travail a bouleversé les pratiques professionnelles. Si les outils numériques optimisent les échanges et facilitent l’organisation, ils posent aussi deux problèmes majeurs : en réduisant les déplacements physiques, ils aggravent la sédentarité ; en modifiant les repères temporels et relationnels, ils favorisent une surcharge mentale. Comment concilier efficacité digitale et santé globale des salariés ?


Avant la généralisation des emails, des messageries instantanées et du cloud, les interactions professionnelles impliquaient naturellement plus de mouvement : apporter un dossier, rencontrer un collègue, assister à une réunion physique. Aujourd’hui, ces gestes se font sans bouger. Même les réunions en présentiel sont parfois remplacées par des visioconférences… entre bureaux voisins.


Ce fonctionnement, s’il permet un gain de temps, limite drastiquement les occasions de mobiliser le corps.


Le télétravail, les open spaces ou les flex offices, en fragmentant les équipes, contribuent à un isolement physique croissant.


Et ce mode de vie numérique se prolonge dans la sphère personnelle : un repas, une course, un service ? Une application suffit, sans bouger de chez soi. Résultat : une exposition prolongée à la sédentarité, avec son cortège de troubles musculosquelettiques, de fatigue et de baisse de condition physique.


Mais l’impact des nouvelles technologies ne s’arrête pas là. Leur omniprésence a également modifié en profondeur notre rapport au temps et aux autres. La possibilité de consulter ses mails ou ses outils collaboratifs à toute heure a créé une forme de disponibilité permanente.

Même sans contrainte explicite, nombreux sont les salariés qui ressentent une pression implicite à rester connectés.


Le télétravail renforce cette porosité entre vie pro et vie perso. L’absence de lieu de travail distinct, combinée à des outils toujours accessibles, rend la déconnexion difficile. Les pauses se raréfient, les journées s’étendent, et les moments de repos ne remplissent plus leur rôle protecteur.


Les échanges, de plus en plus écrits et instantanés, appauvrissent la communication et favorisent les malentendus.


L’automatisation des interactions (chatbots, plateformes de gestion) déshumanise encore davantage les relations professionnelles, pourtant essentielles pour prévenir le mal-être.


Pourtant, il serait réducteur de ne voir dans le numérique qu’un facteur de sédentarité ou de surcharge. Certaines technologies sont de véritables leviers pour la santé. Des applications de sport ou de bien-être permettent aujourd’hui de pratiquer une activité physique où et quand on veut. Elles encouragent les pauses actives, aident à atteindre des objectifs de pas quotidiens, à mieux consommer, à mieux dormir. Elles nous ont été précieuses pendant la crise sanitaire, en nous reconnectant à notre corps et aux autres malgré l’isolement.


Mais ces usages bénéfiques sont souvent relégués au second plan, alors qu’ils pourraient devenir de véritables alliés du quotidien.


Préserver l’équilibre entre performance et santé dans un environnement de travail numérique implique une prise de conscience collective. En repensant l’organisation du travail, en encourageant les pauses actives, en clarifiant les temps de connexion, et en valorisant la qualité des échanges humains, il est possible de tirer le meilleur du digital sans en subir les effets délétères.


C’est en agissant à tous les niveaux – salariés, managers, structures – que l’on pourra construire un cadre de travail durable, adapté aux défis du monde connecté.



© Audrey Piller Caglioti - 2025 - Tous droits réservés



 
 
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